D'OÙ VIENT LE VENT?

-- Je déteste le vent, bougonne Chimène en s'accrochant fermement à son parapluie.

-- Tu ne devrais pas, lui répond Cyrus.

Le savant force le pas.

-- Le vent est indispensable à la survie de l'humanité, poursuit-il, essoufflé.

-- Je pourrais très bien survivre sans le vent, proteste la gamine. Regardez mes cheveux! Ils sont tout défaits.

-- Sans vent, insiste Cyrus, la chaleur tropicale n'atteindrait jamais nos régions et, donc, nous ne pourrions y vivre.

-- Ah! fait Chimène.

-- Sans vent, les nuages immobiles ne pourraient nous envoyer de pluie bienfaisante.

-- Bienfaisante, bienfaisante, ronchonne Chimène.

-- Enfin, sans le vent, les concentrations de pollution demeureraient stagnantes et rendraient toute vie impossible sur la planète.

-- D'accord, d'accord, admet Chimène. Vous avez presque réussi à me convaincre de l'utilité du vent. Mais dites-moi, Cyrus, d'où vient donc le vent?

-- Entrons ici, dit l'érudit en poussant la porte d'un salon de thé. Nous y serons plus à l'aise pour bavarder. Je t'invite.

Confortablement installés devant un thé d'Assam fumant, un chocolat brûlant et deux babas dégoulinants de rhum, les deux amis poursuivent leur conversation à l'abri des intempéries et du vent qui fait rage.

-- Une vraie tempête, remarque Chimène en regardant par la vitre embuée.

-- On mesure la force du vent grâce à l'échelle de Beaufort, lui explique Cyrus. Pour qu'il y ait tempête, il faut un vent violent de force dix. Nous en sommes loin, la météo annonçait ce matin des vents de force cinq.

-- Et pour un ouragan?

-- Quand la tempête atteint la force douze à l'échelle de Beaufort, on parle d'ouragan.

-- Mais ces vents, comment sont-ils produits?

-- Grâce à la chaleur du soleil. Sans elle, il n'y aurait pas de vent. Il faut aussi de l'air. Le soleil réchauffe l'air, mais de manière inégale. Songe aux températures qu'il fait à l'équateur et à celles qu'il fait aux pôles.

-- La différence est immense!

-- Aux pôles, l'air est froid, donc plus dense. Il a tendance à descendre ou à rester bas. À l'équateur, il est plus chaud, donc plus léger. Il tend alors à s'élever.

Chimène s'essuie la bouche et écoute le vent mugir au dehors.

-- Ces déplacements d'air de haut en bas, poursuit Cyrus, provoquent un énorme brassage qui crée de grands courants autour du globe.

-- C'est ce brassage qui fait le vent? demande Chimène en terminant son baba.

-- Pas uniquement. Il faut ajouter un autre ingrédient: la rotation de la Terre. Ce mouvement de rotation fait changer les courants des vents, dissipe certains vents et divise les grands courants d'air.

-- C'est bien compliqué, tout ça, soupire Chimène, le ventre plein.

-- On dirait que ça souffle de plus en plus fort dehors, remarque le savant. Tu sais, Chimène, si soudain tous les vents de la planète s'arrêtaient, il faudrait l'équivalent de sept millions de bombes atomiques pour réactiver le mouvement.

-- J'ai compris, Cyrus. Quoique désagréables parce qu'ils décoiffent, les vents sont hautement utiles à la vie de la planète.

-- Et lorsque le vent souffle trop fort, il n'y a qu'une chose à faire...

-- ... se mettre à l'abri, complète Chimène. En compagnie d'un ami savant et de bons petits gâteaux. Je reprendrais bien un de ces merveilleux babas. Pas vous, monsieur Cyrus?