Été des Indiens...
...douce fantaisie aux couleurs automnales...
Définition et origine du terme
L'expression désigne une période de beau temps qui se produit
durant la saison de l'automne (i.e. de l'équinoxe d'automne jusqu'à
la mi-novembre environ) après les premières gelées.
Ce phénomène est aléatoire et propre à
tout l'hémisphère nord. On a commencé à entendre
parler de l'Ïndian Summer tout d'abord en Pensylvanie à
la fin du 18e siècle. Ce terme a ensuite voyagé dans les
régions de New York et de la Nouvelle-Angleterre vers 1798. Il aurait
fait son apparition au Canada vers 1821 et en Angleterre vers 1830.
20 ans après son apparition, cette expression aurait été
établie dans le langage courant dans tout le nord-est de l'Amérique
puis dans tous les pays anglophones. Les francophones du Canada ont alors
traduit ce terme littéralement par été des Indiens.
Pourquoi cette appellation?
L'origine de cette appellation est incertaine. Cependant, plusieurs hypothèses
furent émises:
-
L'appellation "des Indiens" vient du fait que les Amérindiens profitaient
de ce temps doux et sans précipitations pour préparer leurs
habitations en vue de la saison froide. Ces Indiens, avant de réintégrer
leurs quartiers d'hiver, profitaient de ces derniers beaux jours pour terminer
leurs récoltes et garnir leur wigwam de provisions. La température
étant clémente, les journées étaient propices
à la conservation du gibier accumulé. Comme ils vivaient
au jour le jour, ils attendaient à la dernière minute pour
aller à la chasse. Si, malheureusement, la période attendue
de temps doux n'avait pas lieu, ils en étaient quittes pour un hiver
de "vaches maigres".
-
Les premiers blancs qui habitaient à l'intérieur des terres
attribuaient la brume de cette période à la fumée
provoquée par les feux de prairies que les indiens faisaient à
cette époque de l'année.
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Les marins anglais, qui voyageaient d'une mer à l'autre, avaient
remarqué une ressemblance entre notre temps d'automne et celui observé
aux Indes pendant l'été.
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En Nouvelle-Angleterre, l'appellation viendrait des Amérindiens
qui croyait que ce doux temps était envoyé par une divinité
du sud-ouest nommée Coutantowit.
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Selon la tradition orale, les Indiens nomades (Montagnais, Abénakis,
Malécites, Algonquins et autres) profitaient de cette période
de l'année pour changer de camp. Ils levaient les camps d'été
à l'embouchure des rivières, le long du fleuve, ou sur le
bord des lacs, remplissaient les canots et remontaient vers les territoires
de chasse dans la profondeur des forêts, que ce soit en Abitibi,
en Haute-Mauricie ou sur la Côte-Nord. Ils y passaient l'hiver,
en petit groupe, dans des tipi isolés avec de la fourrure si le
piégeage était bon, en faisant la chasse au grand gibier,
rendue plus facile à cause de la neige.
Critères
Puisque l'été des Indiens n'est pas réellement scientifique,
mais plutôt populaire, les critères ne sont pas vraiment établis.
On considère que l'on vit un été des Indiens lorsque:
-
la période de temps exceptionnellement chaud suit une période
de gel;
-
le temps est généralement ensoleillé;
-
il n'y a pas ou peu de précipitations;
-
les vents sont légers, de direction variable;
-
il peut y avoir un peu de brouillard matinal;
-
les températures nocturnes sont près des normales;
-
les températures diurnes sont plus élevées que la
normale (environ 4 à 6 degrés de plus);
-
ces conditions doivent se poursuivre pendant au moins 3 jours.
Météorologiquement parlant...
Ce phénomène est dû à la position des creux
et des crêtes de pression en altitude. En fait, nous sommes, au moment
de cette période de doux temps, sous l'influence d'un flux d'air
du sud-ouest qui transporte vers nos régions, la chaleur et l'humidité
des Etats du sud américain. La situation météo de
l'été des Indiens se présente lorsqu'un anticyclone
s'installe sur l'est des États-Unis et provoque une circulation
du sud qui persiste quelques jours.
En d'autres mots, la source du phénomène vient essentiellement
de zones stagnantes de haute pression qui se déplacent très
lentement. Souvent, ce sont des anticyclones subtropicaux qui s'accompagnent
généralement d'inversions de température maintenues
par l'air subsident. Ceci sont les conditions idéales pour les caractéristiques
de l'été des Indiens: ciel dégagé, vents légers,
journées chaudes et brumeuses, nuits froides.
On parle de brume ou brouillard matinal et on peut expliquer pourquoi.
Puisque l'air chaud nous vient du Golfe du Mexique, il est humide. Les
nuits étant fraîches, la condensation se produit au sol.
On parle de gel essentiel avant la période de temps doux, pour
pouvoir discerner l'été des Indiens du véritable été
qui vient de se terminer.
D'autres pays, d'autres noms d'étés...
Dans plusieurs pays d'Europe, on retrouve des périodes analogues
à l'été des Indiens (i.e. ayant à peu près
les mêmes critères). Ces périodes portent toutes des
noms faisant allusion à un élément culturel, religieux
ou folklorique.
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Dans la vallée du Saint-Laurent, on parle donc de l'été
des Indiens ou de l'été des Sauvages.
En France et dans les pays d'Europe occidentale en général,
on parle aussi de l'été de la St-Denis (9 octobre),
été de la St-Géraud (13 octobre) ou été
de la St-Martin (11 novembre).
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Une légende suédoise parle de l'été de la
Toussaint qui se produit à la fin octobre ou au début
novembre et qui est du temps chaud et ensoleillé, accompagné
de brume sèche.
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En Angleterre, en plus d'avoir adopté l'expression américaine,
on appelle aussi été de la Saint-Luc (18 octobre),
une période de temps beau et calme.
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En Allemagne, on le nomme l'été de l'aïeule.
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Finalement, en Europe centrale, on parle du old wives'summer (été
des bonnes femmes) qui se produit vers la fin septembre.
Données statistiques
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À Montréal et à Québec, l'été
des Indiens se produit le plus souvent autour du 10 octobre, avec une occurrence
plus probable, pour Montréal, les 7, 15 et 16 octobre. Comparativement,
pour la ville de Québec, les périodes les plus fréquentes
sont du 6-8, 11-12 et 14-16 octobre.
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Le plus tardif fut celui de 1953 qui a eu lieu du 18 au 20 novembre. (Les
autres tardifs furent du 3 au 8 novembre 1938 et du 1 au 4 novembre 1944.
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Cet été supplémentaire dure habituellement 4 jours
et se produit le plus souvent entre le 6 et le 16 octobre.
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Il n'y a qu'environ 27% de l'ensemble des étés des Indiens
qui ont duré 5 jours et plus; et ce, autant à Montréal
qu'à Québec. Ça prouve que le phénomène
porte sur une vaste étendue géographique.
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Environ 40% des années, à Montréal, ont droit à
un été des Indiens. (Pour Québec, c'est 50%).
-
Environ 25% des années, à Montréal, profitent de 2
étés des Indiens. (À Québec, c'est une année
sur 7).
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Environ 4% des années sont chanceuses: elles bénéficient
de 3 ou plus étés des Indiens.
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DONC, on constate qu'il n'est pas certain qu'une année donnée
profite d'un été des Indiens, mais ce qu'on sait, c'est que
ce phénomène est plus qu'une légende: c'est une réalité
climatique.
L'été des Indiens ne fait pas toujours des heureux...
Dans les concentrations urbaines, les conditions météo créant
un été des Indiens forment une véritable barrière
invisible. En effet, l'absence de vents et l'inversion des températures
empêchent la dispersion atmosphérique des polluants. La pollution
atteint donc souvent son maximum en octobre.
Par exemple, entre le 25 et le 31 octobre 1948 en Pensylvanie,
il s'est créé un smog dense et persistant. Ainsi, le temps
brumeux attribué autrefois aux feux des Indiens est aujourd'hui
causé par l'accumulation des poussières et des polluants
confinés dans la basse atmosphère.
Autre conséquence fâcheuse de cette période
de temps doux et sans vents est la menace de feux de forêts qui est
augmentée par le fait que le sol est asséché par la
chaleur de l'été et recouvert par les feuilles d'automne,
elles aussi très sèches.
Merci à Renel Lagacé, d'Environnement Canada pour les données
et explications concernant ce phénomène. Merci à Monique
Gauthier et Jean-Jacques Boivert pour l'étude de l'été
des Indiens en Estrie. Merci à Paul Lemieux de la Piste
Amérindienne pour l'explication des indiens nomades du Québec.
Merci aussi à l'écrivain Jean Provencher et à mon
maître à penser, Monsieur Alcide Ouellet pour les références
à leur bouquin.
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